« Françoise ! Que fais-tu ? Pourquoi ta lampe est-elle encore allumée ? »
Ma grand-mère et sa fille revenant d’un office religieux du soir avaient été surprises de voir la lumière dans ma chambre. Elles m’avaient laissée seule dans la grande maison. Je n’avais pas peur ou plutôt je n’y pensais pas car pour peupler ma solitude, j’avais une collection soigneusement reliée de « Semaines de Suzette », journaux pour les fillettes, qui dataient de la génération de mes parents.
Cette collection m’a tenu compagnie tout l’été. Chaque numéro commençait par une sorte de BD moralisante où les petites filles des illustrations portaient des robes démodées. On passait ensuite à une longue histoire à épisodes avec quelques rares illustrations en noir et blanc. Illustrations qui ne m’étaient pas nécessaires, j’étais captivée. Il s’agissait en général d’enfants qui se retrouvaient seuls et qui se débrouillaient comme des héros dans des situations difficiles.
C’est ainsi que j’ai divagué sur un bateau perdu dans la mer des Sargasses. Communiant avec Aliette, une fillette de mon âge aidée par un garçon très gentil, je tombais amoureuse de lui.
Les enfants se conduisant en héros étaient mon thème favori. Ces histoires laissaient souvent prévoir un mariage d’amour pour plus tard…
J’ai lu par la suite, au moment de la Libération, l’histoire d’enfants isolés qui avaient caché un parachutiste anglais, assez jeune pour rêver de se marier avec la petite-fille qui l’avait recueilli. Ce feuilleton avait pour titre : « Tous seuls ».
Et moi, avec mes lectures, je n’étais jamais seule !
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