« Devant »

Denise SIBEUD

DEVANT le sac à dos de Madeleine que je peux toucher d’une longueur de bras DEVANT je mets mes pas dans les siens je rythme ma respiration sur la sienne elle DEVANT je gravis cette pente très raide qui conduit au sommet du mont Caroux DEVANT mes trois sœurs et mon frère écran entre mes parents et moi DEVANT mon compagnon qui m’entraîne dans sa vie DEVANT personne DEVANT point en moi un sentiment nouveau d’indépendance DEVANT le choix de puiser dans les souvenirs la mélancolie le repli sur soi ou au contraire l’envie d’exister par moi-même DEVANT le paysage immuable familier gage de stabilité DEVANT la façade la vitrine les apparences la respectabilité les bons sentiments DEVANT la responsabilité accrue mais aussi la peur de ne pas pouvoir l’assumer DEVANT le devenir de mes petits- enfants leurs choix de vie future DEVANT l’inconnu menaçant ou prometteur DEVANT le danger climatique inexorable pour les uns contrôlable pour les autres DEVANT la course pour tenter d’atténuer les dégâts de notre inconscience collective DEVANT la suite de longtemps je me suis couché de bonne heure DEVANT cent ans de solitude à reprendre et à terminer absolument DEVANT partir à la découverte des icebergs du cercle polaire du Kenya du canada DEVANT le lever de soleil sur les dunes du Sahara DEVANT les surprises vraiment surprenantes les retrouvailles avec des amis perdus de vue DEVANT des proches ou moins proches que la maladie guette DEVANT ceux qui partent DEVANT mes chats DEVANT moi réclamant DEVANT des questions des questions des questions.

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