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Quelques mots à te dire

Aurélie Vignal

Le 21 octobre 2012,                                                      

Mon bouton d’or,

Aujourd’hui, j’ai planté un sophora en l’honneur de ta naissance, comme surprise de bienvenue lorsque tu rentreras de la maternité avec ta mère. Je voudrais profiter de cette brève accalmie et te raconter comment toute cette histoire a commencé. I

Il y a tout juste un an, j’ai été recruté en tant que paysagiste par un promoteur immobilier. Ma mission était d’apporter un coup de jeune au parc de la maison aux papillons, récemment mise en vente. Je devais suivre l’entretien du parc, rénover la serre attenante à la bâtisse et la transformer en jardin d’hiver. Le projet me plaisait. Je m’y suis vite attelé. J’ai commencé par nettoyer le mur mitoyen de la serre. Une pierre en particulier a retenu mon attention. Une fleur de Lys y était gravée. Une seule au milieu de tout ce mur. En regardant de plus près, la pierre n’était pas scellée. A l’aide d’un petit outil on pouvait l’enlever. Ce que je fis. Derrière la pierre, un trésor qui, je ne le savais pas encore, allait changer toute ma vie. Ce trésor, une boîte en fer jaune de la Cure Gourmande, confiserie du sud de la France. Dans cette boîte, des bribes de vie amassées, une lettre et deux photos.

Le premier cliché. Une fillette enlace une femme elles sont attablées devant un gâteau orné de deux bougies avec deux chiffres : dix et soixante. Des sourires, les mêmes yeux bleus emplis de joie et d’étincelles. Au dos de la photo, on peut lire :

« 1994, Les dizaines ça se fêtent ! Quelle belle journée nous avons tous passé. »

La deuxième photo, mêmes visages mais les années ont passé. Les deux femmes portent un chapeau d’aventurier. Elles s’enlacent d’un amour sincère et rient. Elles posent devant d’interminables dunes, le Sahara sûrement. En note, au dos de la photo :

2002, Grand-mère Lili et Sophie.

Rien n’est immuable mais ce souvenir demeurera éternel dans mon cœur. Nous l’avons enfin contemplé ce paysage qu’un certain Simon Falconoras m’a si bien conté. Nous avons cherché un regard bleu azuré, les restes de murs ensevelis,… nous n’avons rien trouvé, mais qu’est ce que nous avons ri.

Autre objet, autre souvenir. Un livre aux bords cornés, un peu abîmé. Un livre apparemment souvent ouvert : Le livre du voyage, de Bernard Werber avec en dédicace :

Parce qu’on peut voyager loin avec un mot, même si ce mot est rideau.

Parmi mes trouvailles, il y avait aussi une belle plume d’aigle blanche et noire. Autour du Calamus était entouré un petit papier sur lequel était écrit :

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