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Paysage

Christian COMARD

L’ébréchure de l’océan, au loin. Des coques dénudées de bateaux perlant de rouille et d’algues brunes étalent leurs flancs incrustés de moules en grappe. Un vent d’ouest cingle au travers des mâts chahutant les coques en bois, en métal et en plastique qui couinent, grincent, craquent dans une longue plainte marine. De petits crabes verts galopent de toutes leurs pinces à l’abri des rochers délimitant le port. Défiant les goélands qui ne peuvent se poser, un sémaphore borde le chenal conduisant au large. Dans les trous d’eau laissés par la mer pullulent des crevettes grises. On aperçoit les taches jaunes des cirés, le long bâton des épuisettes, l’empreinte des bottes fouillant le sable à l’aspect de terre ocre, noire aux endroits où le mazout dérivant se fige. Un soleil blanc fracture le ciel couleur d’huitre. Des reflets d’huile de vidange donnent une lueur psychédélique irisant la rive menant aux habitations joufflues et granitiques

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