C’est la fin de l’automne. La nuit est tombée sur le village de Sainte Lucie. Catherine habite avec Martin dans une belle maison au toit rouge, à côté de l’église. Martin est médecin. Il soigne un blessé là-haut dans les collines. Martin répare les maux des autres.
Catherine prend un gros sac, y enfouit robes et jupons. Elle part. Elle n’en peut plus de ses soirées d’attente, de solitude. Si encore elle avait un ou deux enfants. Elle n’a que son mari à dorloter et cela ne lui suffit plus. Elle s’enfuit à pied, Martin a pris la carriole. Elle rejoint la ville voisine, prendra un train demain pour Lyon. À Lyon, elle n’a personne à attendre, elle n’a rien à n’attendre de personne. Le début de la liberté, le début de la vie ? Elle gravit un sentier escarpé jusqu’au calvaire, elle sait que Martin ne passe jamais par là.
Au sommet, elle se retourne avant de dépasser le cyprès. Elle regarde une dernière fois le village. Le ciel est clair, les constellations apparaissent. Il fait froid. Toutes les fenêtres des maisons sont éclairées. Catherine pourrait nommer chacun de ceux qui sont cachés derrière les murs. Elle pense soudain à la vieille Adèle à qui elle apporte les courses et qui confectionne si bien les tourtes. Elle pense au jeune Robin, elle l’aide à lire deux ou trois fois par semaine, elle pense à Léon, Clémentine et les autres. Elle pense à Martin.
Elle se presse. Pourvu qu’il ne soit pas encore rentré.
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