« Le monde est fou »

Jacqueline BONNET-DELETIE

Les oiseaux rampent sous la mousse glauque des torrents. Les serpents sont sur les genoux après leurs courses folles au supermarché du coin. Des jours sans étoiles et des nuits insomniaques s’étalent sur les toits des maisons. D’immenses miroirs regardent les nuages rouges d’un ciel flamboyant de violences. Les arbres marchent sur la tête, les têtes poussent à l’envers. Les caméras dessinent au ralenti les trajectoires des bombes. Leur impact tremble sous les pas des voleurs de vie et la mort apparaît triomphante.

La pluie remonte du sol comme des larmes en apesanteur. Les regards ont le souffle des chants d’oiseaux, et la mousse parfume les pas des jours. Le myosotis prie en silence au bord du trottoir. En contrebande, les pas de l’enfant scandent les demains d’une vie intérieure. Plus loin, un effaroucheur d’étourneaux agite son cerf-volant. C’est presque rien, juste un paysage à l’aquarelle, l’imperceptible caresse du ciel à la terre. Au loin ils se sont rassemblés autour de l’homme-orchestre installé tout au bout de ma rue.

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