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Furtive rencontre

Aurélie Vignal

Tout le monde rêve un jour d’approcher le désert, de l’admirer, de le comprendre. De se poser en haut du précipice. Il est vide. Un village, des hommes, sont tapis derrière cette première dune. L’un d’eux se distingue. Ses yeux profondément azurés encadrés d’une multitude de ridules laissent percevoir paradoxalement un esprit à la fois rieur et grave. On y lit aussi la sagesse accumulée par les années de vie passée dans cet environnement aussi magnifique qu’hostile. Nos regards se croisent, un imperceptible lien se crée. Confiance et complicité s’installent. Une de ces rencontres furtives et intenses marquant une vie.

Il me raconte. Le désert, il le connait. Il y est né, il l’a apprivoisé si tant est qu’on le puisse. Le désert a sa propre loi. La prudence dicte de ne pas s’y aventurer seul. Pourtant on nous a dit d’aller voir en haut de la dune. Sa réponse, emplie d’une bienveillante mise en garde est donnée. Rien n’est immuable, la dune se déplace très lentement mais inexorablement. Le désert a déjà submergé un premier village, là, à quelques mètres devant nous.

 Son habitation s’y trouvait. Il l’avait construite de ses propres mains avec son père pour sa famille nouvellement formée. On voit les restes des murs émergeants des vagues de sable et deux ou trois palmiers luttent encore pour survivre. Peut-être plus loin, d’autres implantations plus anciennes ont-elles été englouties ? Celles de ses aïeux, disparus eux aussi.

« Rien ne se crée, rien ne se perd mais tout se transforme. » Lavoisier l’a dit ou est-ce une citation apocryphe ? Rien n’est plus vrai ici.

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