« Un jour… »

Annie Maréchal

Un jour Pépé, assis derrière la fenêtre, vêtu du pullover tricoté et rapiécé par Mémé, Un jour où il lit le journal déposé la veille par les voisins. Un jour différent, Pépé ronchonne, il supporte mal la chaleur même après une longue sieste. Un jour, Pépé ne peut se lever, sa canne est tombée, la fenêtre reste fermée. Un jour Pépé se sent seul, Mémé est allée au cimetière, il n’aime pas que Mémé s’absente. Un jour sans jardinage, (c’est comme un jour sans pain dit-il !), Pépé soulève son béret Et aère son crâne, s’essuie le front avec un large mouchoir à carreaux. Un jour qui entend la grogne de Pépé, un jour qui pèse. Un jour qui le cloue à sa chaise, il s’ennuie, la radio est éteinte personne pour tourner le bouton inaccessible Un jour, Pépé entend un randonneur qui frappe et demande de l’aide. Un jour où Pépé en manque d’amabilité et d’énergie ne réalise pas. Un jour Pépé a laissé la bouteille de son propre vin, entamée, sur la table, une mouche s’amuse Sur la toile cirée décolorée. Un jour où Pépé et le randonneur partagent le verre de vin légèrement aigre Un jour qui coupe la routine estivale et Pépé boit, ses moustaches rougies Gouttent sur le pullover. Un jour ses pieds enflent, Pépé délace son unique paire de chaussures, ressemelées par ses soins et portées hiver comme été. Un jour d’été orageux, Mémé est revenue, Pépé n’est pas rasé. Un jour où Mémé prépare un gros potage, elle prétend que la quantité attire les invités, Et Pépé s’étonne : « ce ne sont que des balivernes » Un jour où une forte pluie s’abat sur la route qui passe devant la maison, un arc en ciel se forme aussitôt. Un jour où les enfants sont en vacances, l’arrière-petit-fils de Pépé arrive. Un jour d’émotion, Pépé éteint sa pipe, son sourire étroit écarte sa moustache. Le mouchoir à carreaux sèche la goutte qui coule sur la joue.

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