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Avant-Après

Vivi BERNARD

Avant

Au fond du hameau, une imposante bâtisse à peu près carrée, aux murs très épais et crépis, avec de grandes ouvertures cintrées, le tout en très bon état. Un porche devant la porte d’entrée. Porte imposante, lourde, avec de gros clous forgés et un heurtoir. À droite du porche, un énorme figuier. Un escalier sombre, un peu bancal, conduisait à l’étage par la gauche. Là, au bout de l’escalier, une immense pièce éclairée de grandes fenêtres encastrées dans la voûte de pierre. Au nord, vue à l’infini sur des dizaines de kms, à l’est vue sur la maison de Léa Bardy. Au plafond, un magnifique plafond à la française constitué de très grosses poutres en cœur de chêne. Au sol, un carrelage rafistolé de tomettes rouges. Sur un des murs, des restes de cheminée. À deux mètres de hauteur, le plâtre était devenu bleu à force de badigeonnage à la bouillie bordelaise. C’était destiné à tuer les charançons des céréales entreposées. En effet, sur le côté droit de la pièce, des compartiments avaient été créés le long du mur pour contenir le grain après la moisson. Le reste de la pièce était converti en atelier. Sur un épais plancher, quelques machines à bois étaient installées dont une scie. Et là, en dessous, des amoncellements de petits morceaux de bois jonchaient un gros tas de sciure. Partout ailleurs des planches de taille et d’épaisseur différentes et, dans les tiroirs de l’établi, des pointes de toutes grosseur. Marteaux, rabots, outils à profusion.

Après

Le lieu a été réhabilité. La bâtisse est impressionnante de beauté froide. On a piqué le crépi des murs, la pierre blanche est apparente, parfaitement rejointoyée dans des tons d’ocre. Le porche a disparu. L’espace dégagé met en valeur la porte d’entrée. De vieilles planches, se juxtaposent dans le sens de la largeur. Un épais manteau de pierre la surmonte. Elle est épaulée de chaque côté de pavés de pierre adaptés. La porte ouvre sur une terrasse sommaire de carreaux de ciment. Tout autour, des plantes vertes, un arrosoir, des plantes aromatiques dans un carré de terre, un immense laurier-rose à fleurs rouges à l’angle de la bâtisse. Deux chaises de jardin. Si l’on se tient face à la haute muraille rénovée, arrive de droite un rameau de vigne. Il mène à une treille vigoureuse qui nous conduit sur la façade « est » amorcée par de maîtresses pierres d’angle. Sur ce côté au soleil levant, on retrouve les deux ouvertures en plein cintre de pierre blanche. Sur leur gauche trônent les vieux gonds rouillés des vieux volets. On devine deux menuiseries modernes à des mesures standard sur l’intérieur. La treille parade entre l’alignement de ces « meurtrières » et une porte à deux battants scellée en-dessous dans la pierre. De part et d’autre, des bacs de plantes parfaitement entretenues. Une longue échelle métallique est adossée sur la façade nord. On y grimpe comme à l’assaut d’une forteresse et on pénètre par une ouverture ancienne dans une pièce digne d’Art et Décoration. Pièce parfaite toute en pierre rejointoyée où une multitude de poutres nettoyées et traitées sous-tendent les murailles et le faîte du toit. Dans l’angle gauche, une excavation dans le mur : un évier ancien en pierre grise conservé.

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