Pascale Charcosset
« Tu n’es éloigné de tes origines que de quelques millénaires »
Regarde dans le ciel, le temps des nuages.
Regarde sur le lac le sillon des reines.
Là où rêve le vent, l’éternité s’envole.
Là où chante l’indicible, la vérité jaillit.
Ouvre chaque matin une joie ancienne.
Trouve encore une joie, un futur sourire.
Y a-t-il un avenir ? Me dis-tu.
Oui parce que je t’entends par delà les siècles.
La colline noire du volcan va renaître bientôt.
Embrase le jardin de saules.
Étends une colère à leur pied.
Reviens dans les ombres des tilleuls.
Tous les chagrins ignorent les linceuls.
Insiste, donne leur une sixième chance.
Y a-t-il un amour ?
Je t’entends encore, j’ai dix siècles d’amour.
Taille les branches basses de l’épicéa, protège sa lenteur.
Dans le fouillis des rancœurs, tu as deviné un animal caché.
J’ai tout vu.
Tu avances si vite dans les ans.
Signe les orangers, il supplient le soleil.
Rien d’autre n’existe pour eux.
Casse leur terre orange une lave leur parlera.
Y a-t-il un inconnu ?
Je lis tes doutes.
Traverse la rivière.
Rassemble quelques galets lisses de blanc d’été, empile leur destin.
Ils te donnent une force nouvelle, C’est là que tu vois les siècles à venir.
Et ceux qui sont derrière toi, sont Andalous. Ils sont dans les rideaux de perles, les escaliers de silence, les mantilles noires sur les marches des églises.
Les pleurs n’ont pas d’âge.
« Souviens-toi, tu n’es éloigné de tes origines que de quelques millénaires .»