Eliane Michalon
Mille éclats de gypse affûtés comme des arêtes
Du fond des temps évaporée, ballottée
Multiplicité des grains assemblés qui redeviendront sable, poussière ils retourneront au néant
Roche singulière, lourde, acérée
Remuée, roulée par les vents du désert, elle dort dans ces vastes lieux de solitude accablés de soleil
Les manipulations doivent se faire avec délicatesse
Sous son apparente dureté, elle est très fragile
Sous son apparente légèreté, elle est pesante
Des grains de sable blancs désordonnés, solidifiés entre les arêtes
Si affutée qu’un enfant pourrait se couper
Les marchands l’échangent comme un bien précieux, les peuples du désert la gardent comme un puissant talisman
Sélénite opaque
Sculpture naturelle semblable à une fleur pétrifiée
Du beige rosé au brun foncé, reine en sa thébaïde
Couleur du henné, sous les voiles, les mains des princesses persanes
Collectionnée, elle porte bonheur avant d’être oubliée sur l’étagère d’une bibliothèque
Agrégat de cristaux aplatis, lamellaires, imbriqués en pétales de fleurs
Joyau fragile au milieu des dunes, brulée par un soleil implacable
Née de l’aridité, témoin silencieux du passé
Symbole de la beauté fragile du désert, mais aussi de la solitude et de la force née dans un environnement hostile