« L’homme qui marche » (Giacometti)

Vivi BERNARD

Mes yeux vont vers toi, être mince et infini.
Tu marches sans bruit,
Tu ne te retournes pas.
Tes jambes si hautes paraissent vouloir marcher
éternellement…
Je me surprends à emboiter ton pas
au même rythme que toi.
Je t’accompagne dans ton extrême solitude,
la mienne s’y reconnait.

Tu t’es délesté du poids de ton corps,
tu t’es débarrassé du superflu.
Seul ton visage porte la trace d’un appel,
d’un cri lent et douloureux,
d’un passé lourd et épais.
Le poids de ta vie plombe ta démarche.
Tu as du mal à soulever les pieds,
tu t’embourbes dans l’abîme des jours.

Mes mains passent sur le bronze:
ton métal est presque humain.
Etre filiforme, tu es humble.
Je me sens proche de ton silence.
Pourtant ta présence m’intimide.
Peut-être ta fierté inquiète ?
Tu as beau être inanimé et froid,
je capte la détresse de ton regard.
Seras-tu jamais en paix ?
De la matière inerte me parviennent
tes appels de détresse.

Présence familière,
profil voué au désespoir,
regard triste creusé dans le plein du métal,
je voudrais te saisir,
te redonner de la chaleur,
adoucir ta peine profonde.
Je voudrais alléger ton fardeau…

Que la sérénité te gagne,
qu’une paix intérieure t’enveloppe,
que tu te délestes de ton habit chargé de malheur.
Etre pathétique…

Je te prendrais par la main,
je décollerais tes pieds du sol,
nous cheminerions ensemble
vers une destinée lumineuse.

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